Rivardo Niyonizigiye

« Subculture », une expression arrogante et discriminatoire

Après un jeûne de la lecture, ma première lecture m’a fort choqué et m’a révolté. Raison de ma colère. Mon seul message à donner : il n’y a pas de sous-culture. Voici comment j’ai été un peu troublé par une lecture. Cela faisait trois jours que je ne lisais pas à cause de mon horaire surchargé. Aujourd’hui, je venais de terminer un programme qui m’avait pris une semaine de concentration. Imaginez-vous combien j’étais assoiffé.

Ce matin, j’ouvre mon PC. Je me mets à ouvrir des dossiers gourmandement pour trouver des fichiers intéressants à lire. Je me souvenais que j’en avais téléchargé une multitude avant d’être empêché. Tout d’un coup, je tombe sur un document qui parle de la culture. Sachant bien que je suis un fan de ce domaine et un défenseur de la culture, quoi de plus honorant qu’ouvrir mon amusement par ce fichier qui doit être plaisant ? Je double-clique sur un fichier qui s’ouvre en PowerPoint. Je me mets vite à visualiser les diapos.

J’ai été déçu

A la quatrième diapositive, je tombe sur un titre : The Amish Culture. Sous le titre, la première ligne disait que la culture Amish est une « subculture », une sous-culture. Un mot qui a stoppé ma lecture. Un mot qui m’a révolté et qui a troublé mon esprit. Je me mis à méditer sur le message principal qu’a voulu transmettre l’auteur de la présentation. Un message qui se trouverait au-delà d’une simple explication qui se trouvait à la ligne qui suivait, laquelle explication signalait que l’amish culture est une culture d’un sous-groupe qui vit dans un ensemble qui fait une culture ‘Américaine’.

Sous-culture, une pure arrogance et une discrimination non fondée

Cette terminologie devait être bannie dans le langage du monde. Il n’y a pas de raison de dire qu’une culture est moindre, les cultures sont incomparables. Sinon, elles sont égales à l’image des langues devants les linguistes. L’expression (je la considère ainsi), me révolte, car, discriminatoire. Quand je l’ai vu, j’ai immédiatement pensé aux cultures d’Afrique qui sont mal comprises et qui risquent d’être traitées de sous-cultures par rapport aux cultures occidentales plus vaniteuses et financées que les pauvres.

Il n’y a pas de raison d’utiliser ce terme. Ma lecture s’est arrêtée à ce paragraphe de la septième page. Ensuite, j’ai ouvert l’onglet Microsoft Word pour dire haut et fort qu’il n’y a pas de culture plus puissante, plus belle, plus riche, plus moderne que les autres.  Culture et sous-culture ? Cela semble vrai mais ce n’est pas humain. C’est dégradant et humiliant. Celles que nous prenons comme sous-cultures ne sont que celles qui ont plus de valeurs. A chacun ses respects.

 


Je suis chrétien mais ce n’était pas mon choix

Je suis né dans un environnement chrétien catholique. Ma famille est chrétienne ; l’entourage aussi. Je ne sais pas d’où cela vient. A l’heure où je suis, je ne comprends pas pourquoi on a choisi de laisser la religion traditionnelle du Burundi. Les missionnaires blancs ont influencé les mentalités des Africains et ces derniers ont abandonné petit à petit leur forme de croyance pour suivre cette nouvelle forme, venue d’ailleurs. Ils ont laissé tomber les « shrines » (lieux sacrés), jadis lieux de rencontre avec « Dieu » que les étrangers appelleront des « dieux », donc, des idoles. Ces accusations gratuites n’étaient qu’une technique de contrôle des âmes. Ils sont même allés jusqu’à dire que les Africains étaient polythéistes alors que ce n’était pas du tout vrai.  Par exemple, au Burundi, on trouve un peuple vraiment monothéiste. Mais, les missionnaires ne se sont pas abstenus de les déraciner. Heureusement qu’ils n’ont pas changé l’appellation. Imana a été, reste et restera dans la croyance de ce peuple naturellement religieux et monothéiste.

Kiranga, le tendon d’Achille dans la croyance des Barundi

Depuis une éternité, le peuple burundais croyait en un seul Dieu, Créateur, Bienfaiteur, etc, Imana. La signification légendaire de ce nom est aussi intéressante. Cela vient du verbe « Kumana » qui signifie résider là-haut, donc, là où il voit tout. Il est inamovible et omniprésent « Nyamwambarizwa hose ». Le nom octroyé à ce créateur de toutes choses démontre combien le peuple burundais croyait en sa Grandeur : Rugiravyose (créateur de toutes choses), Rurema (Créateur), etc. Contrairement à ce qu’on conçoit au Burundi, Kiranga n’était pas prié à la place d’Imana. Il n’était qu’un simple intermédiaire. Quand les missionnaires sont venus, ils ont toujours collé cette mauvaise notice à la personne de Kiranga alors que c’était lui qui véhiculait les valeurs de cette religion. Sachant que la religion des Barundi était fondée sur l’oralité, les chants des églises ont attiré les jeunes en commençant par les désobéissants qui pouvaient facilement rompre avec leur famille. Ce qui me déçoit beaucoup, c’est le discours de Léopold II Roi des Belges à l’accueil des missionnaires.

Même pratiques…

Kiranga perdait sa place petit à petit. Et comme ce qu’on faisait était presque la même chose, les Burundais ont vite fait une transhumance vers les nouvelles sectes. Les rituels des catholiques restent semblables aux rituels des Burundais anciens. Les récitations des prêtres ne sont pas loin des incantations de chaque croyant du Burundi. Les prières de thérapies ou de délivrances des nostalgiques et des autres attaqués par « intezi ». A comprendre comment Kiranga travaillait, il était comme un prêtre ou un pasteur. Les rituels de ces deux religions ont des ressemblances. Ce qui les différencie n’est que le niveau de civilisation. Cette ressemblance a favorisé la christianisation des Barundi.

Jusqu’à maintenant, jeune que je suis, je n’ai pas de réponse de pourquoi j’ai choisi d’être chrétien. Je ne peux pas accepter cette phrase car elle est erronée. Ai-je choisi d’être chrétien ? Pas du tout. Je n’avais pas de choix. Les parents avaient-ils le choix ? Eux non plus. Ils ont vu un fils de l’autre monde venir imposer sa civilisation.  Cela suffit même pour expliquer pourquoi notre culture est en danger de mort. Ce qui la véhiculait jadis véhicule une autre culture venue d’ailleurs. Cela d’ailleurs suffit pour expliquer pourquoi notre pays est plein de chrétiens mais n’est jamais sorti des crises répétitives.


Mes félicitations chères Barundikazi !!!

C’est avec une grande joie que je vous donne mes chaleureuses félicitations, chères Barundikazi. Après mon séjour avec un étranger à Bujumbura, je me rends compte que les jeunes filles et femmes Burundaises sont appréciées. Il m’a fallu ces loupes d’un autre homme, un homme qui vient d’ailleurs pour comprendre ce que vous êtes, vos valeurs et le résultat de notre culture.

Il y a quelques mois, j’étais avec un étranger. Un homme d’une trentaine d’années en provenance de l’Afrique occidentale. Il était venu animer un atelier à Bujumbura, un atelier auquel je participais. Il fut bien accueilli chez nous. Le premier jour, il affirmait que l’hospitalité légendaire dont il avait entendue parler à propos du Burundi se sentait déjà. Chaque minute, il interrompait l’atelier pour nous parler de ce qu’il avait aimé chez nous. C’était agréable. Tout ce qu’on prenait à la légère lui était étrange ! Du jamais vu.

Un matin, on s’apprêtait à commencer l’atelier. Certains stagiaires étaient en retard. Pour les attendre, notre formateur en profita pour visiter la salle d’exposition de l’Institut Français de Bujumbura, salle qui se trouve près de la salle qui nous hébergeait. Je l’ai suivi. Il y avait une exposition très intéressante à propos du dessin en liberté, un rassemblement des œuvres des artistes du monde sur le thème de la liberté d’expression.  Dans la salle, je ne faisais rien d’autre que de contempler cette longue liste de dessins. Certains me paraissaient familiers, d’autres moins intéressants et d’autres encore, très inspirants. En plus de moi et du formateur, la salle était remplie d’à peu près une dizaine d’autres personnes qui étaient aussi concentrées que nous.

Après quelques minutes, les stagiaires étaient là. On est sorti pour démarrer l’atelier. Arrivé dans la salle, le formateur s’est perdu dans ses pensées. Une, deux, trois minutes sont passées, et le formateur ne s’était toujours pas retrouvé. On attend. Mais l’attente fut longue d’une dizaine de minutes. Qu’est-ce qui lui arrive ? Un ami qui était près de lui le réveille avec une question de moindre importance. Juste pour le réveiller. Après une tentative de réponse, le formateur nous dévoile ce qui lui avait volé la conscience pendant dix minutes.

« Vous savez ? », dit-il. « Je ne peux pas comprendre comment dans un groupe de dix femmes, huit peuvent avoir des cheveux totalement naturels. C’est quelque chose d’inexistant chez nous ». Tous ceux qui se trouvaient dans la salle furent étonnés. Mois je n’avais pas constaté cela. On était ensemble, mais comme il m’est familier de vous voir, chères Barundikazi, cela ne pouvait pas attirer mon attention. Je m’excuse, ça arrive. Et ça m’arrive souvent. Je n’avais pas constaté que deux femmes seulement avaient des cheveux artificiels.

Le formateur ne pouvait pas comprendre comment une dame africaine peut se sentir à l’aise avec sa beauté naturelle. Il profita de l’occasion pour faire une éloge de la femme burundaise et nous dire à quel point les femmes de sa région gaspillent leur argent pour acheter des plantes artificielles. Pour nous montrer combien il était ému, il a ouvert son agenda et écrit une note pour ne pas oublier cette aventure.

Chères sœurs, chères mères, chères burundaises, vous êtes vraiment magnifiques. Sous les yeux des Barundi, vous êtes des Barundikazi. Souvent, on s’arrête là. Mais en réalité, vous êtes extraordinaires. Le témoignage de ce formateur m’a ouvert les yeux.

Vous, femmes burundaises, vous êtes accueillantes. Vous êtes humbles partout et surtout le respect qui vous caractérise n’a pas d’égal. Le formateur qui nous a prêté les yeux pour voir toutes vos qualités a aussi apprécié la culture dont vous êtes les belles fleurs. Chez vous, pas d’orgueil, pas d’insolence ; vous êtes toujours souriantes.

Chers Barundikazi, recevez les vives félicitations qui viennent du fond de mon cœur. Gardez ces valeurs qui nous honorent, nous, vos frères, vos fils, vos papas. Vous êtes des piliers des foyers. Aidez-nous à propager cette éducation et cette culture à nos enfants, à vos enfants. Si vous saviez votre place dans les yeux des étrangers… Je suis ravi de ne pas entendre de la bouche de notre formateur que vous êtes des femmes faciles, pour ne pas dire prostituées. A voir comment il vous respectait dans ses propos, chaque tentative de relation aurait été une relation d’honneur.

Je me souviens comment la culture Burundaise vous conseille : « Soyez des bapfasoni ! », « préparez-vous à être des futures mères », etc. Vous êtes des piliers de la vie dans les familles, sur les collines, bref, dans la société burundaise. Moi qui sais que votre beauté va jusqu’au plus profond ; que votre beauté extérieure vient de la beauté du cœur. Moi qui comprends pourquoi vous restez souriantes malgré les défis de la vie qui nous trouble… je suis fière de vous.

Toutes mes félicitations !