Putain de musique, quitte nos ménages !

Article : Putain de musique, quitte nos ménages !
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2 octobre 2017

Putain de musique, quitte nos ménages !

Dans la région des grands lacs africains, une musique nous revient toujours. Elle venue en 1959, 1965, 1972, 1988, 1993, 1994,…sans interruption,  comme le moustique de la nuit. Cette musique indansable jouée récemment à Kamanyola et à Bukavu. Le peuple en a marre. Elle devrait disparaître comme le dit ce poème.

Toi,

Cesse !

On a plus besoin de toi

Je crache sur ton visage jamais sage

Je t’insulte, je te condamne à mort aussi

Je te massacre.

Je ne sais plus ce que tu représentes pour nous

Tu ne peux pas être une alarme

D’autres sonnent et on vaque aux activités

Mais toi tu toques et bonjour la fuite

Toi tu sonnes et on quitte la ville

Toi tu sonnes et on sort des bureaux

Pour aller quémander asile

Chez nos anciens ennemis

Chez nos belles familles…

Chez les Inkende, les innocents chimpanzés

Et les bonobos, et les crocodiles

Chez nos anciens lieux d’aisances parfois.

Toi,

Quitte nos ménages !

Quitte nos arénas !

Quitte notre région des mille et un rêve !

Quitte nos cœurs, quitte notre sang !

Tu ne peux pas être un divertissement

D’autres rythmes retentissent et on part s’égaler

Se balancer…

Fille-homme-Homme-femme, c’est la fête

Des mix de la Rumba, Umuyebe et Umuhamirizo

Des rythmes de joie, des rythmes de vie

Mais toi,

Tu arrives et on se cache

Tu arrives et les enfants pleurent

Tu arrives et les veuves et les orphelins se comptent en milliers

Tu arrives et les corbeaux campent dans nos ménages

Tu arrives et les familles se divorcent

Comme c’est difficile de marier la vie et la mort

Tu n’es pas la bande dont on savoure

Tu n’es pas le morceau adéquat.

 

Quand on clique sur « play », un corps s’allonge

Une vie baise la terre

Dans une forêt quelque part

Dans la rue, dans la rivière

Ou sur une montagne

Quand on clique sur « pause »

C’est pour le deuil, l’enterrement indigne

C’est pour le ravitaillement

En attendant que tu reviennes…

 

Regarde combien tu es insolent

Tu reprends de l’autre côté du Lac

Tu reviens emporter d’autres vies innocentes

On n’avait pas fini le deuil des nôtres

Et tu nous reviens au galop.

 

On t’a joué à Kamanyola

Et le spectacle était comme il a été

On t’a joué dans d’autres coins et on t’a trouvé remplaçable.

Va !

Effaces-toi des mémoires de nos hommes et femmes

Disparais de nos actes et de nos rêves

Tombe dans l’eau et dissous-toi

Tombe dans le feu et fonds-toi

Vole et disparais dans le vent pour toujours

Et quitte notre maison bénie.

Calmes-toi un peu !

Écoute !

Écoute ces cris des hommes et femmes que tu as emportés

Écoute ces pleurs des maisons que tu as brûlées

Écoute ces ricanements des marais qui regorgent des corps innocents

Écoute ces bourdonnements des réfugiés que tu as produits

Écoute ces meuglements des familles que tu as affamés

Écoute cette mélancolie des cimetières qui se peuplent du jour au jour.

 

J’ai une amertume contre cette putain de DJ

Qui te met sans cesse alors qu’on ne te veut plus

D’où il vient ou quoi il veut, je m’en fiche

Je veux qu’il cesse de jouer avec toi boulevard du désastre

Et qu’il essaie autre chose de bien :

Qu’il mette Koffi Olomide,

Qu’il mette Farious,

Qu’il mette Sogo

Qu’il mette Kidumu

Qu’il mette Kitoko

Qu’il mette Knowless

Qu’il mette Chameleone

 

Qu’il mette Diamond

Qu’il mette Kami, le père de Samandari

Qu’il mette tout sauf toi

Qu’il mette tout ce qu’il veut

Mais plus jamais toi chez nous

Plus jamais toi dans nos ménages

Plus jamais toi dans nos pâturages

Plus jamais toi dans nos murs

Plus jamais toi dans notre vie

Plus jamais toi à la RFI

Plus jamais toi à la France 24

Plus jamais toi dans nos groupes whatsapp

Plus jamais toi sur l’oiseau bleu

Plus jamais toi sur la belle fétiche de Zuckerberg

Plus jamais toi, musique indansable

Ne plus jamais toi, sale mélodie

Ne plus jamais toi, alarme de malheur

On en a tous marre de toi !

 

 

 

 

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Commentaires

Yves R.
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c'est un bon poème je le lisais tranquillement et penser à cette musique et je me disais qu'il était temps qu'on recoive un si bon poeme comme celui la

Rivardo Niyonizigiye
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Merci beaucoup cher frère pour ces compliments encourageants

Niyubahwe Josué
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Nous sommes fatigué de cette musique qui nous poussent à nous cacher quand nous l,entendons.Cessez cette musique. Vive la paix ; vive l,humanité