Rivardo Niyonizigiye

Burundi : les mérites d’Arusha II

Le dialogue de paix inter-burundais était beaucoup attendu. Cela fait plus d’une année, jour pour jour, les burundais attendent la fin de la crise. Ils sont convaincus que la paix ne proviendra que des négociations. Même s’il ya ceux qui pensaient déjà que ce n’était qu’une perte de temps, les pourparlers du 21 au 24 mai 2016 est un pas dans le processus de trouver une solution à la crise.

Les pourparlers d’Arusha se sont clôturés provisoirement. Leur reprise est attendue au mois de juin. Tous ceux qui ont participé à ces pourparlers du 21-24 avril 2016 à Arusha s’attendaient aux fruits qui les arrangent. Le conseiller à la présidence disait qu’il s’agit de la continuité de la campagne de dialogue qui se faisait au Burundi et réfutait toute idée qui orienterait ces pourparlers en négociations.

Les autres s’attendent à la décision d’instaurer un régime de transition, ce que le pouvoir n’accepte pas.

Par contre, les absents et les opposants radicaux surtout ceux qui sont regroupé dans le CNARED se disaient déçus par la stratégie de Mkapa d’ignorer leur conseil. Ceux-là estimaient qu’Arusha II serait une perte de temps. Il y a même un mouvement armé, le RED TABARA qui a conséquemment sorti un communiqué disant qu’il n’ya plus question ; que la seule voie de sortie reste la force.

Ce n’était pas une perte du temps

De toutes les façons, cette reprise des pourparlers est encourageante. Aujourd’hui, ce n’est plus les histoires de quotas ethniques. On parle d’opposants : ceux là regroupent toutes les ethnies. Ensuite, l’approche utilisée est bonne. On a commencé par le brainstorming d’idées pour savoir la nature de la crise Burundaise. Ceux qui étaient présents ont dit tout ce qu’ils pensent selon leur manière de voir et de comprendre la présente crise. Cela va aider dans conduite de la seconde session des pourparlers prévu en juin prochain et tout le monde partira de ce qu’il a dit vers un compromis.

La recherche de la vérité avant de prendre toute décision

Ce qui est fort important est que le facilitateur est déterminé à chercher la vérité avant de prendre toute décision. En concluant sur la rencontre de quatre jours, il a promis de rencontrer et écouter ceux qui ont boycotté son invitation – à savoir les membres du CNARED – ainsi que d’autres parties prenantes pour noter leurs avis sur la crise et, sans doute, leur suggestion de voie de sortie. Une décision acclamée par l’activiste de la société civile et leader de la campagne « Halte au 3ème mandat ».

 

Arusha II nous a fait des surprises. Ceux qui avaient boycotté les pourparlers pensaient, peut-être, qu’en leur absence, le dialogue n’allait pas avoir lieu. Les présents, quant à eux, pensaient que tout était fini pour le CNARED et les autres opposants radicaux. Il ne s’attendait pas à la décision du facilitateur d’approcher ces absents. Cette surprise est prometteuse. Même le mouvement armée a senti que la voie du dialogue garde toujours sa force, et pourra suspendre sa décision de poursuivre le combat des armes.  La gestion de ce dialogue inter-burundais doit être impartiale. Il doit apprendre à décevoir les deux parties tout en gardant la voie de la vérité et du compromis. C’est l’espoir que la crise burundaise peut trouver une issue avec Arusha II.

 


Burundi : la pénurie du sucre annonce l’été de cette année

Ça nous revient comme dans un cauchemar. On a avait presque oublié ces genres d’histoires. Le sucre se trouvait partout : dans les boutiques, alimentation, etc. on pouvait s’en procurer sans problème. Malgré son prix élevé, on parvenait à le trouver si on a de l’argent.
Hier matin, je me préparais à vaquer à mes activités quotidiennes. Comme d’habitude, je pris la douche en courant. J’allais prendre le petit déjeuner avant d’aller faire la queue à l’arrêt bus. N’avais-je pas donné l’argent pour le pain et le sucre la veille ? Pour le sucre, j’avais donné 2200 Fbu, prix d’un kilo du sucre. Ce prix était resté inchangé pendant un bon bout de temps

Soudain, j’entendis un toc-toc à ma porte. J’ouvris rapidement la porte pour savoir de quoi il s’agissait. C’était notre cuisinier qui venait de l’alimentation. « Donne-moi encore 500 francs, le prix du sucre a augmenté… », dit-il avec une moitié de pain dans sa main gauche. Oups ! Je n’étais pas au courant. Le prix du sucre n’augmente pas pour de simples raisons. La pénurie doit en être la cause. Comme je sentais l’appétit et que j’étais prêt à déjeuner ce matin, je ne pouvais pas décevoir mon estomac. Je lui donnai un billet de 1000 francs et il retourna à l’alimentation.

Il n’a pas tardé de revenir. Malheureusement, il n’avait rien dans sa main, sauf trois billets de 1000 fbu. Il ne restait plus de sucre dans le stock de l’alimentation. Mince ! Que va suivre. Va-ton abandonner le petit déjeuner ? Serons-nous capable de gérer le désordre qui s’ensuivra ? Difficile.

Le changement climatique a diminué la production du sucre
La Société Sucrière du Moso (SOSUMO), leader de la production du sucre au Burundi, indique que c’est le changement climatique qui est à l’origine de cette pénurie. « Cette année, la pluie est partie très tôt et cela a diminué la quantité de tige à transformer », explique-t-on. Cette société est consciente de cette pénurie mais, elle réitère que les autorités compétentes veuillent à ce qu’il n’y ait pas d’extravagance dans l’augmentation des prix du sucre. Ella a raison. Les opportunistes doivent profiter de la situation et hausser les prix comme ils le veulent. On l’a constaté dans l’histoire ; d’où la nécessité de la vigilance de la part des autorités pour empêcher ce désordre.

Je ne sais pas par quel moyen on va procéder. Ce qui est important et urgent, c’est de savoir comment au plus vite maitriser la situation. Sinon, les opportunités vont hausser les prix. Le sucre sera de nouveau vendu dans les ménages, dans les rues ou dans les cabarets ; en cachette. Les revendeurs verront leur quantité à revendre limitée. Les autres laisseront tomber le business de vente du sucre. Si la police ou les autorités ne se donnent pas pour l’encadrement de la bonne gestion de cette pénurie, on évolue vers une immangeable situation.


Les apprenants africains contraints au double effort lors de leurs études

A cause de problèmes de langue, les apprenants africains (de l’Afrique noire en particulier) fournissent un double effort lors de leur cursus scolaire et universitaire. Cela handicape leurs performances. Comme l’élève ou l’étudiant est contraint à fournir un double effort, il fait un seul pas quand un étudiant américain ou européen du même niveau aura, lui,  fourni deux pas ! C’est la raison pour laquelle on trouve peu d’inventions dans beaucoup de pays africains.

Peu de cours dans les langues africaines

Les linguistes pensent que la tour de Babel aurait été construite en Afrique. Ce continent est riche en langues. Dans un seul pays on peut en effet trouver une multitude de langues. Dans beaucoup de pays africains, chaque ethnie possède une langue propre à elle même. C’est positif car cela représente une richesse culturelle immense mais il y a aussi un aspect négatif car cela freine l’intelligibilité dans les communautés africaines. Par exemple, les Bambaras ne peuvent pas communiquer avec les Bantous dans leurs langues maternelles. Cela est sans doute la cause de l’adoption des langues étrangères dans les systèmes éducatifs, une fois le colon venu en Afrique.

Sur tout le continent africain, les systèmes éducatifs sont élaborés dans les langues européennes comme le Français, l’Anglais ou l’Espagnol. Cette décision n’avait pas d’alternatives car il est difficile d’élaborer des cours dans les langues trouvées en Afrique.  D’ailleurs, ces langues étrangères sont venues pour unifier les ethnies jadis inintelligibles. Certain pays ont fait de ces langues européennes des langues officielles car elles sont plus unificatrices que les langues africaines maternelles.

Cela présente des inconvénients dans l’apprentissage. Si les cours sont élaborés dans une langue qui n’est pas maternelle, l’apprenant, avant d’apprendre ces cours, doit d’abord apprendre la langue dans laquelle est dispensé le cours. Le temps qu’il met à apprendre cette langue est grand et l’apprentissage, très lent. Par conséquent, la performance est minime par rapport à celle d’un apprenant qui apprend dans sa langue maternelle.

Apprentissage moderne diffère de l’apprentissage ancien via les contes

La forme de l’apprentissage moderne est aussi un défi. L’école moderne n’est pas dans la tradition africaine. La seule forme d’éducation trouvée en Afrique noire avant l’arrivée des blancs était le conte et les autres formes de littérature orale. L’apprentissage se faisait par la famille et la matière à apprendre était la vie dans la société ; la morale. Les autres matières à apprendre ont été apportées avec la colonisation. Cela aussi demande un effort dans l’apprentissage, surtout pour ceux qui ont commencé l’école au XIXe siècle, quand le taux de scolarité était encore très bas.

Qu’en dit l’UNESCO ?

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est consciente de ce problème. Personne ne peut ignorer que, sans école, la société n’est rien. L’Afrique ne pourra pas vaincre la pauvreté et trouver des solutions aux conflits et crises multiples que le continent connaît, sans école. Les pays africains en sont conscients, le monde en est conscient. La preuve en est que cette année, l’UNESCO avait comme thème : « Éducation de qualité, langue(s) d’enseignement et acquis de l’apprentissage ». Cela montre que cette organisation internationale comprend les problèmes que rencontre l’apprenant dans cette partie de l’Afrique et qu’elle a le souci de la langue dans laquelle la matière est donnée.

Ce qui reste difficile, c’est le moyen de relever ce défi. Tant que l’apprenant du sud du Sahara aura à fournir un double effort quand il apprend une leçon, il sera plus difficile pour cette partie du monde de se développer.