Burundi : des bus et des billets qui se ressemblent

Article : Burundi : des bus et des billets qui se ressemblent
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17 janvier 2017

Burundi : des bus et des billets qui se ressemblent

Au Burundi, le transport en commun est fait par des bus à majorité privés. Certains de ces bus sont tellement vieux qu’ils ne cessent pas de tomber en panne en cours de route.  Les propriétaires de ces bus et les agents de l’ordre ne se soucient jamais de  l’impact négatif de ces bus. A ces vieux bus s’ajoutent des billets aussi vieux qu’eux. Un malheur qui ne vient jamais seul !

Ce matin là, je ne me sentais pas à l’aise du tout. Il a fallu que je prenne un bus qui me dépose près de mon lieu de travail. Le bus de 6h50 était déjà plein. Je me dirigeais vers le suivant qui n’avait que deux personnes. Une s’asseyait derrière le chauffeur. Et un autre s’était soigneusement pointé dans le coin derrière, partie gauche. Je décide de m’asseoir  tout près du chauffeur.

Ce fut le début de mon cour de mécanique. Une aventure dont je ne me souvenais que quelques notions apprises en 9ème dans le cours de technologie. Toutes les parties du bus se voyaient à l’œil nu : le volant, le frein, etc, tout était visible. Pour démarrer le bus, on devait d’abord pousser. Le chauffeur n’avait pas besoin de clé de contact, joindre deux fils suffisait pour mettre le moteur en marche. Après quelques 800 mètres, le moteur s’arrête. On poussa encore.

Une femme s’asseyait à ma droite, entre le  chauffeur et moi. Quand le chauffeur démarra, elle le regarda et se tourna vers moi et on éclata tous de rire.  Ensuite, on se lança dans un débat qui ne portait que sur la vieillesse des bus de transport dans la ville de Bujumbura. On se demandait comment une personne peut mettre une chose trouvée à la poubelle dans une place publique comme la rue. Le débat s’est vite généralisé dans tout le bus. Le chauffeur semblait ridicule mais il continuait son chemin. C’est la faute de son boss, le propriétaire du bus.

Le moment de payer arrive. Les billets qu’on sort de nos poches font pitié. Les billets de 100 francs et 500 francs sont aussi vieux que le bus qui nous transporte.  Le convoyeur n’avait que ces billets seulement. Certains étaient froissés à jamais quand les autres se déchiraient au moindre frottement. D’autres encore étaient à moitié déchirés. Ceux qui n’avaient pas exactement la somme pour le déplacement devaient avoir les vieux billets comme échange.

Le billet de cent francs encore neuf
Les billets de cent francs actuellement

 

Un homme donna un billet de 10 000 francs. Le convoyeur trouva difficilement son échange. Quand il lui donne, le papa refusa catégoriquement quelques billets et jura qu’il ne va pas quitter le bus sans qu’on lui donne des billets transportables. Le bus fut bloqué pendant une dizaine de minutes. Les passagers insultaient le chauffeur quand le papa insultait le convoyeur. Les passagers deviennent tous très furieux. Le papa finira par accepter.

A qui la faute ? Le convoyeur, lui, ne fabrique pas l’argent. Il donne ce qu’il a. Les passagers ne peuvent pas toujours avoir les tickets exacts pour le bus. Ils ont toujours et auront toujours besoin d’échange. En plus, ceux qui ne veulent pas accepter les demi-billets et les billets troués tel un filet ont raison. Prendre un billet qui ne va pas durer une heure dans ton porte monnaie, un billet qui se déchire au premier contact avec l’air ou la sueur équivaut à ne rien prendre.

Après les vieux bus viennent les billets de cent francs et de cinq cent francs. Les propriétaires de ces bus veulent de l’argent mais optent pour polluer la nature. Un mauvais chemin. Les agents de la sécurité routière, eux, semblent ne rien voir. A y regarder de plus près, l’économie burundaise souffre. Mais les burundais aussi souffrent de l’ignorance. Il faut être raisonnable. Il y a des intellectuels qui savent plus  sur la pollution, pourquoi restent-ils muets devant cette mort lente ? Les décideurs, que font-ils à propos ? Et quant à nous les passagers, pourquoi nous suicidons-nous ? Et si on refusait d’entrer dans les vieux bus qui risquent nos vies ? Concernant les billets, je n’ai autre mot à dire que ‘Nous voulons des billets neufs’ auprès de la banque centrale.

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