Le cri d’une victime d’un gilet bleu

Article : Le cri d’une victime d’un gilet bleu
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9 novembre 2016

Le cri d’une victime d’un gilet bleu

Au Burundi, la crise économique vient progressivement. Jour après jour, la situation se détériore. Des mesures sont prises pour essayer de résister. Dernièrement, une mesure d’habiller tous les cyclistes en gilet bleu a été mise en application. Désormais, aucun taxi-vélo ou motard ne peut faire son travaille sans porter ce gilet. Ceci est le cri d’une victime de cette mesure qui fait son business en clandestinité, une stratégie vraiment impossible.

 

Depuis le début de la crise

Crise qui emporta mes amis

Crise qui secoua les familles d’une multitude :

Riches, pauvres, citadins, illettrés et autres

Crise qui marqua l’échec d’un dialogue

Crise sans source, crise sans fin

Crise sans raison, crise sans forme

Crise qui brûla la réconciliation

Aujourd’hui, je viens d’en sentir

Les séquelles

Quand on me demandait  de soutenir les soulèvements

Je refusais, croyant suivre le bon pasteur

Campagne après campagne

Marche après marche

Je n’ai manqué aucune marche dite « de libération » :

« Non à l’impérialisme ! », je tenais la banderole

« Non à la discrimination ! », j’avais mon sifflet

« Quant au refus des policiers », ma voix fut entendue

Partout sur la planète

Et alors ?

Qu’est-ce qui arrive pour le moment ?

Je pensais me rendre libre, mais je faisais le contraire

Je croyais me protéger mais je tombe dans le filet

Désormais, mon nom c’est le gilet

Mon vélo c’est le gilet,

Tout est sur mon gilet

Sans ce gilet, je ne suis plus moi-même

Je ne suis plus citoyen

Je ne suis plus patriote

 

Est-ce parce que le pays est souverain ?

Ces taxes qui augmentent

Ces mesures qui tombent comme une pluie

Marquent la souveraineté qu’on chantait ?

Est-ce à cause des mesures prises par les anciens bailleurs

Devenus ennemies farouches

Qui chantent l’impérialisme

Pour nos chiper ?

C’est vrai, je viens d’être déçu

Je viens de comprendre comment

Une crise n’épargne personne

On me ramassait à l’arrêt bus

Pour aller servir comme bouclier

Devant les caméras du monde entier

Disant non aux décisions des puissances :

Shootant la CPI, l’ONU et l’UA

Et voilà aujourd’hui,

On établit des lois sans me consulter

On me fait payer la dette que je n’ai pas contractée

On me fait chier,

Les treize mille semblent peu pour un fonctionnaire

Mais pour un taxi-vélo, c’est la mort

Je ne touche jamais dix mille francs

Sur toute une semaine

Je sue pour que ma famille survive

Mais voilà qu’il y a un autre qui veut

Sur mon assiette…

Moi qui n’ai pas pu acheter ce gilet

Sans espoir de m’en acheter demain ou après demain

Je me lève très tôt pour profiter du sommeil

Des agents qui ne dorment jamais

A midi, je fais de même

Mais, jusqu’à quand

Cette clandestinité pourra tenir?

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