Burundi : fêtes nationales, repos ou retraite ?

Article : Burundi : fêtes nationales, repos ou retraite ?
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17 octobre 2016

Burundi : fêtes nationales, repos ou retraite ?

Le mois d’octobre contient deux jours de congé au Burundi. Le 13 octobre, on commémore la mort du Prince Louis Rwangasore, héros de l’indépendance. Le 21 octobre, c’est la commémoration de l’assassinat de SE NDADAYE Melchior.  Certains Burundais considèrent ces jours comme des moments de repos seulement parce que les quelques activités sont suspendues : les bureaux sont fermés, les écoles, etc. Les gens jubilent. Pourtant, ces journées ne sont pas des occasions de repos. Ce sont plutôt des moments de retraites, d’introspection et d’autocritique pour faire évoluer le pays et sa population.

Nous sommes au mois d’avril. C’est un lundi matin. J’entre dans un bureau communal. Je suis pressé par ce que j’ai besoin d’être reçu par le responsable lui-même. Je tombe en premier sur son secrétaire qui s’asseye élégamment sur une chaise. Elle semble fatiguée.  Elle me salue d’une manière négligée. Madame, ne veut pas que je me présente. Il faut plutôt dire ce dont je veux.

Malheureusement, elle ne comprend pas ce que je demande. Pour elle, voir l’administrateur communal le premier jour de la semaine n’est pas possible. Même ceux qui sont venu une semaine avant moi n’ont pas encore rencontré l’administrateur. Ok. Je comprends. Il faut prendre rendez-vous. Mais, la dame me dit clairement qu’il faut me présenter deux jours après.

« Madame, deux jours après ? Ce sera le jour du congé », m’exclame-je.

Elle ne sait pas quelle nature de congé il s’agit. Elle se met à parcourir les dates sur le calendrier. Elle se perd. Je lui dis enfin que c’est la commémoration de la mort de notre cher président Ntaryamira Cyprien.

« Ah ! Ce type. », dit-elle dédaigneusement.

Elle oublie carrément ce que j’avais demandé. Elle commence à compter les heures qu’elle va passer au lit. Ensuite, elle le remercie. Son argument est plein de nostalgie, satisfaction, et de relax mais vide de sens : il a donné une journée de repos. Malheur ! Elle n’était pas la seule à penser dans cette voix par ce que le chef lieu de la commune étaient presque vides le matin du 6 avril.

Le même scénario se répète ce mardi 11 Octobre, à propos du congé du 13 octobre. Un jeune m’a fort déçu quand il confirmait énergétiquement que les congés d’octobre ou autres congés ne sont que des moments de repos. Malheureusement, il en était très fier.

Réfléchissons. Quand vient le jour de commémoration d’une figure nationale, ce n’est pas le temps de repos. Plutôt, c’est une journée de retraite, d’introspection et d’autocritique pour voir si on a bien compris et bien utilisé les belles idées de cette figure. Ceux qui disent que c’est le moment de dormir à la marmotte, ce sont eux qui empêchent la société d’évoluer : Ils sont les premiers à tomber dans le piège tendu par l’histoire parce qu’ils n’ont pas intériorisé ce que dit nos héros. Ce sont eux qui n’arrivent pas à se débarrassent pas des idées divisionnistes et extrémistes. La seule raison d’être de ces journées, c’est le but d’inculquer les idées nationalistes, patriotiques et constructrices laissées par nos chers disparus. Ils n’ont pas pu réaliser leurs rêves. C’est à nous de les réaliser. On a besoin de méditer sur ces idées.

 Si Son Excellence Ntaryamira nous invitait à instaurer la discipline dans tous les domaines du pays, je trouve que ces idées sont valables aujourd’hui parce que le pays, même la dame qui m’a accueilli dans le bureau, a besoin d’une certaine discipline.  De toutes les façons, on a besoin de méditer sur la restauration de la discipline dans les différents secteurs du pays.

Quand Rwagasore disait : « Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté.», les actes dont il parlait ne sont pas les actes qu’on voit dans les services publics souvent qualifié de lents. Il parlait des actes qui satisferaient la population.

Le Burundi a perdu des hommes intègres, des leaders et des exemples pour des générations. Si on essayait de suivre ces personnalités et faire du Burundi ce que ces hommes voulaient voir, il n’y a pas de doutes que le Burundi se débarrasseraient facilement de ces crises cycliques et sans fondement. Cela viendra de la bonne utilisation des congés octroyés pour commémorer la mort de chacun de nos figures.

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