Buja Sans Tabou : pas une déculturation

Article : Buja Sans Tabou : pas une déculturation
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20 mai 2016

Buja Sans Tabou : pas une déculturation

Récemment, au mois de Mars, un festival international du théâtre intitulé « Buja sans tabou » se déroulait à Bujumbura. Des opinions divergent autour de l’appellation de ce Festival et du menu présenté lors de ce festival qui a réunis pas mal de pays africains. Les uns disent qu’il s’agit d’une dévalorisation de la culture Burundaise quand les autres disent qu’il s’agit d’une vulgarité qui animait quelques participants à ce festival.

Ceux qui le disent ont vraiment raison. Cette appellation est provocante surtout dans ce pays qui connait les tabous depuis une éternité. Il est très difficile de dire que dans un festival ainsi intitulé, on peut trouver des choses vraiment courtoises. On s’attend à des mots lourds, difficiles à avaler, sans pudeur, un langage moins sérieux ; tout ce que personne n’oserait dire ou faire dans la société. Chose pire, le premier spectacle qui a ouvert le festival a failli casser les cœurs et les oreilles de plus d’un participant.

Pourtant, à mon avis, celui qui a créé ce nom est vraiment stratégique. Il a trié une appellation qui ne peut pas passer inaperçue. Une appellation qui suscite des interrogations. Il a même ajouté « un festival où on l’ouvre », donc, où on ouvre la bouche pour parler. Parler de quoi : des bêtises, des bonnes nouvelles et surtout de la vérité. Celui qui entend parler de ce festival ne managera aucun effort pour y être et découvrir ce qui va sortir cette bouche qu’on ouvre vraiment.

Ses liens avec les lieux, la coïncidence avec l’actualité

Le festival s’est déroulé à Bujumbura, ville qui vient de passer près de dix mois sous le chaos. C’est dans ce milieu où, dans ces derniers temps, il n’y avait plus de tabous : on tuait, on pillait, on violait les femmes, on arrêtait les jeunes et on torturait des gens. On lançait des injures ici et là. On insultait les personnalités dans les rues. Un signe qu’il n’y avait plus de tabous. Donc, ce festival est une définition première à ce que c’est la ville de Buja ces derniers temps. L’appellation suggère l’actualité et des réalités du moment.

Un cadre de révolte et de pétition

Quand est-ce qu’on brise les tabous ? C’est quand on a marre de quelque chose ; quand on ne supporte pas ce qui se fait autour de soi. Quand un tabou se présente comme objet de discriminations, il faut le briser. Ceci signifie qu’on se révolte, qu’on se lève contre le mal qui se cache derrière ce tabou. Ainsi, Buja sans Tabou était un message des artistes Burundais et Africains à l’endroit des acteurs de la crise Burundaise. C’était une occasion de dire non à toute discrimination ou tout crime dans cette belle ville Burundaise. C’était une pétition pour un abandon de violence et une prévention du pire dans cette ville et dans tout le pays.

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