Le cri d’une victime d’un gilet bleu
Au Burundi, la crise économique vient progressivement. Jour après jour, la situation se détériore. Des mesures sont prises pour essayer de résister. Dernièrement, une mesure d’habiller tous les cyclistes en gilet bleu a été mise en application. Désormais, aucun taxi-vélo ou motard ne peut faire son travaille sans porter ce gilet. Ceci est le cri d’une victime de cette mesure qui fait son business en clandestinité, une stratégie vraiment impossible.
Depuis le début de la crise
Crise qui emporta mes amis
Crise qui secoua les familles d’une multitude :
Riches, pauvres, citadins, illettrés et autres
Crise qui marqua l’échec d’un dialogue
Crise sans source, crise sans fin
Crise sans raison, crise sans forme
Crise qui brûla la réconciliation
Aujourd’hui, je viens d’en sentir
Les séquelles
Quand on me demandait de soutenir les soulèvements
Je refusais, croyant suivre le bon pasteur
Campagne après campagne
Marche après marche
Je n’ai manqué aucune marche dite « de libération » :
« Non à l’impérialisme ! », je tenais la banderole
« Non à la discrimination ! », j’avais mon sifflet
« Quant au refus des policiers », ma voix fut entendue
Partout sur la planète
Et alors ?
Qu’est-ce qui arrive pour le moment ?
Je pensais me rendre libre, mais je faisais le contraire
Je croyais me protéger mais je tombe dans le filet
Désormais, mon nom c’est le gilet
Mon vélo c’est le gilet,
Tout est sur mon gilet
Sans ce gilet, je ne suis plus moi-même
Je ne suis plus citoyen
Je ne suis plus patriote
Est-ce parce que le pays est souverain ?
Ces taxes qui augmentent
Ces mesures qui tombent comme une pluie
Marquent la souveraineté qu’on chantait ?
Est-ce à cause des mesures prises par les anciens bailleurs
Devenus ennemies farouches
Qui chantent l’impérialisme
Pour nos chiper ?
C’est vrai, je viens d’être déçu
Je viens de comprendre comment
Une crise n’épargne personne
On me ramassait à l’arrêt bus
Pour aller servir comme bouclier
Devant les caméras du monde entier
Disant non aux décisions des puissances :
Shootant la CPI, l’ONU et l’UA
Et voilà aujourd’hui,
On établit des lois sans me consulter
On me fait payer la dette que je n’ai pas contractée
On me fait chier,
Les treize mille semblent peu pour un fonctionnaire
Mais pour un taxi-vélo, c’est la mort
Je ne touche jamais dix mille francs
Sur toute une semaine
Je sue pour que ma famille survive
Mais voilà qu’il y a un autre qui veut
Sur mon assiette…
Moi qui n’ai pas pu acheter ce gilet
Sans espoir de m’en acheter demain ou après demain
Je me lève très tôt pour profiter du sommeil
Des agents qui ne dorment jamais
A midi, je fais de même
Mais, jusqu’à quand
Cette clandestinité pourra tenir?