Rivardo Niyonizigiye

Le cri d’une victime d’un gilet bleu

Au Burundi, la crise économique vient progressivement. Jour après jour, la situation se détériore. Des mesures sont prises pour essayer de résister. Dernièrement, une mesure d’habiller tous les cyclistes en gilet bleu a été mise en application. Désormais, aucun taxi-vélo ou motard ne peut faire son travaille sans porter ce gilet. Ceci est le cri d’une victime de cette mesure qui fait son business en clandestinité, une stratégie vraiment impossible.

 

Depuis le début de la crise

Crise qui emporta mes amis

Crise qui secoua les familles d’une multitude :

Riches, pauvres, citadins, illettrés et autres

Crise qui marqua l’échec d’un dialogue

Crise sans source, crise sans fin

Crise sans raison, crise sans forme

Crise qui brûla la réconciliation

Aujourd’hui, je viens d’en sentir

Les séquelles

Quand on me demandait  de soutenir les soulèvements

Je refusais, croyant suivre le bon pasteur

Campagne après campagne

Marche après marche

Je n’ai manqué aucune marche dite « de libération » :

« Non à l’impérialisme ! », je tenais la banderole

« Non à la discrimination ! », j’avais mon sifflet

« Quant au refus des policiers », ma voix fut entendue

Partout sur la planète

Et alors ?

Qu’est-ce qui arrive pour le moment ?

Je pensais me rendre libre, mais je faisais le contraire

Je croyais me protéger mais je tombe dans le filet

Désormais, mon nom c’est le gilet

Mon vélo c’est le gilet,

Tout est sur mon gilet

Sans ce gilet, je ne suis plus moi-même

Je ne suis plus citoyen

Je ne suis plus patriote

 

Est-ce parce que le pays est souverain ?

Ces taxes qui augmentent

Ces mesures qui tombent comme une pluie

Marquent la souveraineté qu’on chantait ?

Est-ce à cause des mesures prises par les anciens bailleurs

Devenus ennemies farouches

Qui chantent l’impérialisme

Pour nos chiper ?

C’est vrai, je viens d’être déçu

Je viens de comprendre comment

Une crise n’épargne personne

On me ramassait à l’arrêt bus

Pour aller servir comme bouclier

Devant les caméras du monde entier

Disant non aux décisions des puissances :

Shootant la CPI, l’ONU et l’UA

Et voilà aujourd’hui,

On établit des lois sans me consulter

On me fait payer la dette que je n’ai pas contractée

On me fait chier,

Les treize mille semblent peu pour un fonctionnaire

Mais pour un taxi-vélo, c’est la mort

Je ne touche jamais dix mille francs

Sur toute une semaine

Je sue pour que ma famille survive

Mais voilà qu’il y a un autre qui veut

Sur mon assiette…

Moi qui n’ai pas pu acheter ce gilet

Sans espoir de m’en acheter demain ou après demain

Je me lève très tôt pour profiter du sommeil

Des agents qui ne dorment jamais

A midi, je fais de même

Mais, jusqu’à quand

Cette clandestinité pourra tenir?


Burundi : fêtes nationales, repos ou retraite ?

Le mois d’octobre contient deux jours de congé au Burundi. Le 13 octobre, on commémore la mort du Prince Louis Rwangasore, héros de l’indépendance. Le 21 octobre, c’est la commémoration de l’assassinat de SE NDADAYE Melchior.  Certains Burundais considèrent ces jours comme des moments de repos seulement parce que les quelques activités sont suspendues : les bureaux sont fermés, les écoles, etc. Les gens jubilent. Pourtant, ces journées ne sont pas des occasions de repos. Ce sont plutôt des moments de retraites, d’introspection et d’autocritique pour faire évoluer le pays et sa population.

Nous sommes au mois d’avril. C’est un lundi matin. J’entre dans un bureau communal. Je suis pressé par ce que j’ai besoin d’être reçu par le responsable lui-même. Je tombe en premier sur son secrétaire qui s’asseye élégamment sur une chaise. Elle semble fatiguée.  Elle me salue d’une manière négligée. Madame, ne veut pas que je me présente. Il faut plutôt dire ce dont je veux.

Malheureusement, elle ne comprend pas ce que je demande. Pour elle, voir l’administrateur communal le premier jour de la semaine n’est pas possible. Même ceux qui sont venu une semaine avant moi n’ont pas encore rencontré l’administrateur. Ok. Je comprends. Il faut prendre rendez-vous. Mais, la dame me dit clairement qu’il faut me présenter deux jours après.

« Madame, deux jours après ? Ce sera le jour du congé », m’exclame-je.

Elle ne sait pas quelle nature de congé il s’agit. Elle se met à parcourir les dates sur le calendrier. Elle se perd. Je lui dis enfin que c’est la commémoration de la mort de notre cher président Ntaryamira Cyprien.

« Ah ! Ce type. », dit-elle dédaigneusement.

Elle oublie carrément ce que j’avais demandé. Elle commence à compter les heures qu’elle va passer au lit. Ensuite, elle le remercie. Son argument est plein de nostalgie, satisfaction, et de relax mais vide de sens : il a donné une journée de repos. Malheur ! Elle n’était pas la seule à penser dans cette voix par ce que le chef lieu de la commune étaient presque vides le matin du 6 avril.

Le même scénario se répète ce mardi 11 Octobre, à propos du congé du 13 octobre. Un jeune m’a fort déçu quand il confirmait énergétiquement que les congés d’octobre ou autres congés ne sont que des moments de repos. Malheureusement, il en était très fier.

Réfléchissons. Quand vient le jour de commémoration d’une figure nationale, ce n’est pas le temps de repos. Plutôt, c’est une journée de retraite, d’introspection et d’autocritique pour voir si on a bien compris et bien utilisé les belles idées de cette figure. Ceux qui disent que c’est le moment de dormir à la marmotte, ce sont eux qui empêchent la société d’évoluer : Ils sont les premiers à tomber dans le piège tendu par l’histoire parce qu’ils n’ont pas intériorisé ce que dit nos héros. Ce sont eux qui n’arrivent pas à se débarrassent pas des idées divisionnistes et extrémistes. La seule raison d’être de ces journées, c’est le but d’inculquer les idées nationalistes, patriotiques et constructrices laissées par nos chers disparus. Ils n’ont pas pu réaliser leurs rêves. C’est à nous de les réaliser. On a besoin de méditer sur ces idées.

 Si Son Excellence Ntaryamira nous invitait à instaurer la discipline dans tous les domaines du pays, je trouve que ces idées sont valables aujourd’hui parce que le pays, même la dame qui m’a accueilli dans le bureau, a besoin d’une certaine discipline.  De toutes les façons, on a besoin de méditer sur la restauration de la discipline dans les différents secteurs du pays.

Quand Rwagasore disait : « Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté.», les actes dont il parlait ne sont pas les actes qu’on voit dans les services publics souvent qualifié de lents. Il parlait des actes qui satisferaient la population.

Le Burundi a perdu des hommes intègres, des leaders et des exemples pour des générations. Si on essayait de suivre ces personnalités et faire du Burundi ce que ces hommes voulaient voir, il n’y a pas de doutes que le Burundi se débarrasseraient facilement de ces crises cycliques et sans fondement. Cela viendra de la bonne utilisation des congés octroyés pour commémorer la mort de chacun de nos figures.


Bienvenu mon frère (ma sœur)…

L’an dernier, les manifestations anti-troisièmes mandat ont été réprimées. Cette année, les pros parti au pouvoir prennent les rues pour manifester contre les décisions et les rapports des Nations Unis et autres organisations. Burundi, jadis, pays de mille et une colline, devenu pays aux mille et une contestations ?

 

Il n’y a pas encore deux ans

Tu me riais aux éclats

Parce que j’avais décidé de dévoiler mon point de vue

Tu m’avais pris pour un fou

Un déprimé ou un malade mental

Tu me combattais…

Tu brûlais les ondes et les réseaux

Criant haut et fort

Pour étouffer ma voix

Une voix dans le désert

Qui se cache dès lors.

Et maintenant,

Qu’est-ce que tu fais?

J’ai envie de rire mais je ne le peux pas

J’ai envie de pleurer mais je n’oserais pas

As-tu compris que souvent on doit ouvrir la gueule ?

Je ne suis pas content…

On m’a réprimé mais  on t’a protégé

Je ne suis pas content…

Quand je te voie descendre de la rue

Avec des banderoles, chants et cris

Je ne crois pas que c’est toi

Toi qui me huais chaque jour quand je défendais ma liberté

Toi qui m’accusais d’insurrection et autres…

Moi je suppliait mon concitoyen mais toi, à qui t’adresses-tu?

Si je me suis tu, te tairas-tu?

Bienvenu dans la catégorie de manifestants

Spécial brevet de la jeunesse burundaise.